Les coachs du XV AC n’ont de cesse de demander aux athlètes de rédiger les comptes-rendus de leur course et de les publier sur le forum privé de notre club.
Mais pourquoi un licencié doit se rompre à un tel exercice? En quoi rédiger un compte-rendu de course permet à un athlète d’améliorer ses performances? Et puis que faut-il raconter dans un compte-rendu de course ? Que l’on a eu mal aux doigts de pieds, que l’on a mangé un bol de céréales avant le début de la course qui nous est resté sur l’estomac…?
La seule consigne que l’on donne à un athlète à l’arrivée d’une course, au moment où il est complètement euphorique, est : « rédige ton compte-rendu et fais nous part de tes sensations ». Et vous l’avez compris, à ce moment là, l’athlète répond systématiquement « OK coach, je vais faire ça ». (ndlr : ils sont forts nos coachs, ils arrivent à obtenir toujours ce qu’ils veulent!)
Mais aucun format particulier n’est imposé, aucun nombre de mots maximum n’est exigé, aucune thématique n’est donnée pour guider l’athlète dans la rédaction de son compte-rendu. Aussi, arrivé chez lui, le moment d’euphorie bel et bien passé, il se met au travail et là, comme vous pouvez l’imaginer, le syndrome de la page blanche se produit… Par quoi commencer? Que raconter? Oulala j’ai les mains moites, je ne peux pas écrire, j’ai le mur, je ne peux pas continuer…
Mais non, n’abandonnez pas! C’est tellement bien de pouvoir garder un souvenir de la course et de pouvoir partager son compte-rendu avec les copains du club mais aussi avec son coach.
Après analyse d’une centaine de compte-rendus publiés sur notre forum, il apparaît qu’un compte-rendu démarre toujours par une phrase d’accroche qui vise à donner envie aux lecteurs (..ou pas!) de poursuivre sa lecture. Voici quelques exemples issus des comptes-rendus de nos athlètes que vous pourrez reprendre si vous être confronté au syndrôme de la page blanche et de ses sueures froides associées :
– La phrase d’accroche de l’atlète qui a râté sa course : « Quelle course !? Je me suis sans doute vu trop beau, trop fort et je suis parti beaucoup trop vite. »
– Celle de l’ahlète qui a fait son premier 10km et qui va sans doute expliquer ses sensations en évoquant des souvenirs d’enfance (genre psychanalyse!) : « Il y’a toujours une première fois à tout! »
– Celle de l’athlète hyper hyper expérimenté (voire un peu blasé !! ) : « Bien qu’ayant copieusement abreuvé ce forum de CR en tous genres à son lancement (eh oui je suis un ancien, on ne se refait pas), cela fait maintenant quelques temps que je ne me suis pas collé à l’exercice… quoi de mieux de ce fait que de reprendre les bonnes vieilles habitudes à l’occasion de ce marathon? Parce que un marathon, ça reste un événement, même quand ce n’est pas le premier »
– Celle de l’athlète qui s’est pris le mur et dont le compte-rendu va sans doute nous faire rire : « Et oui, ça y est… C’est un peu comme un petit enfant qui fait des bétises, sa maman lui dit : attention, ou la prochaine fois… tu vas te prendre une claque !!! Et bien, me concernant… C’est le grand manitou du running qui m’a balancé un tazer, du gaz lacrimogène dans les yeux, Au 29eme kilomètre un certain mois de novembre 2014… »
– Celle de l’athlète qui prévient au lecteur que son compte-rendu va être très long mais bien amusant à lire (ndlr : gardez le sous le coude pour vos moments d’ennuis au boulot!) : « Le problème lorsqu’on souffre de logorrhée, n’est pas d’arriver à se taire pendant 3h48, car quand on en chie, on finit par devenir taiseux. Le plus dur, c’est qu’après avoir récupéré de l’effort fourni, le flot de paroles inhibées pendant de si longues heures se traduit par un road book qui n’a rien d’un compte rendu mais qui devient un essai…. »
Une fois l’accroche trouvée, il faut poursuivre sur votre lancée et surtout ne pas vous arrêter. Ce n’est pas encore le moment du ravito, il faut rester lucide et rentrer dans le vif du sujet. N’accélerez pas, garder la cadence, surveillez votre montre, restez lucide! Généralement les comptes-rendus sont rédigés de manière chronologique, dans le respect de la progression des kilomètres parcourus. Ce type de compte-rendu est évidemment très (trop) long si vous venez de faire un 100 km mais cette organisation est adaptée à un 5 ou à un 10 km. Au delà, les athlètes regroupent généralement les kilomètres, par exemple :
– « Temps de passage au 10eme km : 52min NICKEL » : cette phrase concise indique ce que l’athlète a ressenti et introduit le paragraphe d’après qui va détailler ses sensations et raconter des anecdotes éclairantes sur son état physique et psychique.
– « Passage au 10eme kilo. 45’35’’ » : là encore une phrase factuelle qui introduit le paragraphe détaillé.
Vous l’avez compris, dans le corps d’un compte-rendu on a l’habitude de décrire ses sensations ressenties à chaque (ou groupe de) kilomètre(s) parcouru, son état d’esprit, son état de fatigue, les rencontres éventuelles réalisées (on peut draguer sur une course, ça reste autorisée!), et les erreurs commises (ou pas!) (par exemple: je suis allée trop vite mais j’étais tellement bien).
On observe toutefois quelques différences entre les comptes-rendus. Certains aiment bien remonter dans le temps en rappelant les meilleurs moments de leur prépa. Ce type de compte-rendu a l’avantage de proposer en un document unique une synthèse de l’ensemble de votre performance (i.e. prépa+course) mais a l’inconvénient d’être plus long à rédiger et à lire. Pensez aussi à vos lecteurs… ils vous en féliciteront davantage!!
Certains comptes-rendus démarrent au lancement de la course. D’autres démarrent au réveil et détaillent le contenu du petit-déjeuner, la phase de préparation et d’échauffement… Là encore aucune figure de style n’est imposée. Il faut seulement vous demander si ces informations vous seront utiles pour votre prochaine course, si elles peuvent expliquer des moments de votre course, ou bien tout simplement si elles vous font plaisir à rédiger. Du plaisir avant tout!
A titre d’illustration : « Il est 5h15 du matin, et Pharrell me réveille. Je réalise seulement que c’est le grand jour Huh?. Angoisse, boule au ventre et quasi nausée matinale… Les premières minutes de ce grand jour ne sont pas les plus plaisantes à vivre. C’était pas vraiment le soleil dans mon bide et je n’avais pas envie de frapper dans mes mains !! »
On arrive alors à la conclusion de votre compte-rendu. Ouf, vous tenez le bon bout. Là vous avez le droit au ravito, levez-vous, détendez vos mains, prenez un verre d’eau et un morceau de sucre, aérez-vous éventuellement pour trouver LA conclusion de votre compte-rendu.
Là encore plusieurs stratégies existent mais aucune structure n’est imposée…
La première est celle des remerciements, un peu en mode cérémonie des césars, avec des private jokes que seuls vos amis qui vous ont suivi pendant la préparation ou pendant la course pourront comprendre :« C’est terminé mais j’ai beaucoup aimé la partager avec vous. » ou encore « Merci à DD et Carole pour les encouragements (ainsi qu’à Bénédicte), à Laura pour nous avoir trouvé un super lieu de villégiature, à toute la team pour l’ambiance et un grand bravo pour l’organisation de ce marathon, vraiment au top. On a certes eu un p’tit peu chaud, mais c’est tout de même sympa fin novembre, alors on reviendra… si d’autres destinations ne nous tentent pas !! (ah, les charmes du Bosphore, exactement à la même date… un jour sans doute ;-)) »
La deuxième (moins courante) est de tirer les conclusions de la course pour s’améliorer : « Bref … J’ai vécu une expérience unique… Mais que je n’ai pas l’intention de vivre une deuxième fois ! Bien plus qu’un RP, je crois que j’ai enfin appris des grandes leçons en course à pied, et ça, ça se fête ! »
La troisième est de conclure sur vos résultats : « Je termine ces championnats de France en me classant 25ème au général, 12ème de la catégorie SEH. En poussant encore dans le détail, je fini 5ème de l’Ile-de-France, 1er de la catégorie SEH, et enfin 1er de Paris. »
Bien évidemment vous pouvez faire un savant mélange de toutes ces stratégies pour rédiger votre compte-rendu car un compte rendu reste très personnel, et c’est comme cela et pour cela qu’on l’appréciera.
Outre le bilan personnel que cet exercice peut vous procurer, le compte-rendu est très utile pour votre coach. Il lui permet de comprendre votre ressenti, de vivre la course pour laquelle il vous a entrainé de l’intérieure, et de suivre votre évolution. Le coach peut alors commenter votre compte-rendu et vous aider à tirer des enseignements de la course pour vous aider à améliorer votre performance. Il pourra bien évidemment vous dire « Tu es allé trop vite, faut écouter ton coach », maisgénéralement les coachs nous disent « Super ton compte-rendu, on se voit la semaine prochaine pour débrieffer! d’ici là, repos et hydratation! »
Alors plus d’hésitation, à vos stylos ou plutôt à vos claviers!! On a hâte de vous lire!!